Dans les publications de ce mois-ci, je me concentre essentiellement sur le thème de l’autonomie de l’enfant. J’ai commencé avec un article (3 astuces simples pour favoriser l’autonomie de l’enfant) et une vidéo (Aide-moi à faire seul !, le besoin d’autonomie de l’enfant).

Aujourd’hui, dans cet article, il y avait une chose importante dont je voulais parler absolument : cette célèbre phrase de Maria Montessori, qui résume sa pédagogie, « Aide-moi à faire seul ! »…

« Aide-moi à faire seul ! »… et non pas : « Apprends-moi à faire seul ! ».

Depuis la publication d’un livre de ce nom et la propagation de la pédagogie dans les médias, les librairies et marchands de jeux, cette seconde phrase fleurit partout… et ça ne pouvait plus durer. Parce que NON, ce n’est pas pareil !

Alors aujourd’hui, je voulais faire cet article, pour vous expliquer la différence.

Et la différence, pour moi, est énorme. C’est une question de posture, de vision de l’enfant et de relation avec lui.

« Aide-moi à faire seul ! » parle de l’égalité qu’il devrait y avoir entre l’enfant et l’adulte. L’éducateur est vu comme un guide patient et bienveillant, qui observe l’enfant dans le but d’apprendre de lui comment l’éduquer. Il lui montre les gestes qui lui permettront de gagner en autonomie et en compétence. Ce n’est pas le maître qui sait face à l’enfant qui ne sait pas, mais l’adulte qui montre quelque chose à l’enfant qui en manifeste le désir, l’intérêt et le besoin, dans une posture d’humilité et de remise en question. Nous visons l’autonomie de l’enfant, c’est-à-dire non seulement le fait qu’il n’ait plus besoin de nous au quotidien, mais aussi et surtout qu’il n’ait pas besoin d’un jugement extérieur pour valoriser son travail (c’est bien ! bravo ! super ! etc). Dans la pédagogie Montessori, nous présupposons que l’enfant a en lui tous les potentiels, et que nous sommes là pour l’aider à les faire éclore. Ce credo vient illustrer la célèbre phrase de Maria Montessori : « L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit mais une source qu’on laisse jaillir ». Et laisser la source jaillir, c’est accepter que l’enfant a en lui tous les potentiels, et que plutôt que de lui « apprendre » quelque chose, nous lui laissons le choix de ses découvertes, car nous savons que personne mieux que l’enfant ne sait ce dont il a besoin. Dans ce contexte, l’adulte est là comme garant d’un cadre qui permettra à l’enfant de faire les pas déterminants de son développement, dans l’observation et le retrait.

« Apprends-moi à faire seul » implique que l’enfant est dans une posture d’attente… Attente que l’adulte lui apprenne quelque chose, remplisse le vase. C’est donc l’image de l’adulte qui sait face à l’enfant qui ne sait pas. Un lien de dépendance, puisque l’enfant est le réceptacle qui va accueillir le savoir, donné par l’adulte. Dans cette relation, adulte et enfant ne sont pas à égalité, mais l’enfant, de par la dépendance induite par cette vision du « vase qu’on remplit », est soumis à l’adulte, son regard, son jugement… et son bon vouloir.

La différence entre « aide-moi » et « apprends-moi » est donc à la fois mince et énorme, et elle parle beaucoup de notre vision de l’enfant et de l’éducation.