Je sors d’un cours d’été intense, et régulièrement sur ma page Facebook, je publiais les photos des découvertes de la journée ou de la semaine. Ces photos ont fait réagir certaines personnes, et une question est aujourd’hui à l’origine de cet article. La photo en question représentait une opération avec de grands nombres.

« Ça sert à quoi de savoir ça à 5 ans ? Ils ont bien le temps ! ».

Je trouve cette question d’autant plus intéressante qu’elle me permet aujourd’hui de vous expliquer deux principes fondamentaux de la pédagogie Montessori :

 

Nous allons au rythme de l’enfant…

Cela veut dire que l’on ne freine jamais un enfant, sous prétexte que son sujet d’intérêt n’est pas au programme. Si un enfant veut explorer les pays d’Europe, l’addition, les différentes formes de feuilles ou la lecture, régulièrement, intensément, passionnément, nous avons du matériel et des outils didactiques prévus et adaptés pour le « nourrir » intellectuellement. La curiosité de l’enfant est une flamme que nous nous engageons à ne jamais éteindre. Sa motivation doit être nourrie, son besoin de découvertes, entendu. C’est pour cela qu’ils aborderont certains sujets « inhabituels » pour des enfants de 3 à 6 ans, comme les grands nombres, par exemple. Maria Montessori a mis à jour les périodes sensibles, ces phases dans le développement de l’enfant pendant lesquelles il est particulièrement attiré vers un domaine précis. Les apprentissages durant ces périodes sensibles se font facilement et sans effort, car ils répondent à une nécessité intérieure très puissante, facilitée par l’esprit absorbant. En dehors de ces périodes sensibles, les apprentissages demanderont plus d’efforts conscients de la part de l’enfant.

… mais pas plus.

Aller au rythme de l’enfant et prévoir pour lui des outils didactiques puissants, fouillés et complets ne veut pas dire que TOUS les enfants du groupe aborderont dans TOUS les détails TOUS les matériels disposés dans l’ambiance. Là se trouve un grand malentendu en ce qui concerne la pédagogie : nous allons au rythme de l’enfant, mais pas plus. Ce n’est pas une pédagogie « élitiste » qui « pousse » les enfants. Ce n’est pas parce que des enfants apprennent à lire avant 6 ans que TOUS les enfants seront lecteurs avant l’entrée en primaire. De même, tous les enfants n’iront pas forcément jusqu’aux nomenclatures scientifiques de botanique ou de zoologie, et là n’est pas le but. Mais si un enfant est passionné par le sujet, il est de notre devoir de prévoir pour lui de quoi assouvir sa soif de découvertes.

« ça sert à quoi de savoir ça à 5 ans ? »

Ça sert à respecter son rythme, ses intérêts, sa passion, pour que les apprentissages restent un plaisir.

Ça sert à ne pas souffler sur la flamme de sa motivation, pour qu’il garde l’envie d’apprendre, encore et toujours.

Ça sert à lui permettre de développer sa confiance et son estime de lui, parce qu’on ne le prend pas pour un imbécile qui n’est pas encore capable de comprendre certaines choses, et que nous lui faisons confiance.

Ça sert à le rendre heureux, tout simplement.

 

Découvrez le résumé en images de l’université d’été, et ce que l’on peut faire avec des enfants de 3 à 6 ans: