Aujourd’hui, nous donnons la parole à Céline Domecq, thérapeute spécialisée en relations (découvrez son site ici) et maman d’un petit garçon de trois ans, qui vous parle de cette fausse bonne idée de comparer votre enfant avec celui de votre meilleure amie, frère… du piège des réseaux sociaux et des forums…
Comprendre pourquoi nous comparons, c’est déjà cheminer sur ce sujet… Comprendre quel est l’impact de cette comparaison sur nos enfants, encore plus! Et le tout, sans se culpabiliser et se sentir mauvais parent… car oui, nous naissons parent en même temps que notre enfant vient au monde. Vous, comme moi (et Céline)… nous faisons des erreurs. Il n’y a pas de parent parfait! Nous sommes tous en chemin. C’est pourquoi Céline termine son article avec quelques pistes de réflexion sur le « comment faire autrement ». N’hésitez pas à réagir sous l’article, Céline et moi nous ferons un plaisir de vous répondre.
Bonne lecture,
Victoria
En tant que thérapeute et surtout maman d’un petit garçon de 3 ans, j’observe régulièrement dans l’entourage proche ou moins proche cette capacité que nous avons de comparer nos enfants aux autres. Est-ce que cela vous parle ?
Il y a différents modes de comparaison : regarder sur les forums, dans les groupes sur les réseaux sociaux, dans les systèmes collectifs de garde ou système scolaire, comparer le deuxième enfant par rapport au premier, au sein de la famille : les grands-parents comparant notre enfant avec nous étant petit ou petite, ect…
Saviez-vous que ce processus à un impact non négligeable sur nos enfants ?
Pourquoi comparons-nous notre enfant à un autre ?
Souvent en tant que parents, nous avons besoin d’être rassurés. Moi la première ! Cela fait partie du processus et du comportement humain. Être parent peut-être source d’angoisse, de questionnements, de remise en question et c’est dans ce système que nous avons besoin d’être rassurés et nous avons besoin de repères par rapport à la « norme », par rapport à ce que nos parents ont fait ou pas, en regardant les autres enfants évoluer ou en posant des questions, en lisant des livres pouvant servir de références.
Si en tant que parents ou même en tant qu’adulte nous pouvons douter de nos capacités à être de « bons » parents, finalement quelle est cette définition ?
N’est-ce pas une autre manière en plus de se comparer entre adultes ?
Est-ce que nous aimons être comparés en tant qu’adultes et/ou parents dans ce que nous faisons au travail par exemple ?
Est-ce que notre enfant doit subir ce même sort de la comparaison ?
La réponse est simple : non, tout comme nous n’aimons pas être comparés en tant qu’adulte face à un autre, un enfant n’aimera pas non plus.
Quel est l’impact de la comparaison sur le développement de l’enfant ?
La comparaison d’un enfant par rapport à un autre va diminuer très fortement l’estime de lui-même et sa confiance en lui. C’est l’une des principales conséquences qui va perdurer jusqu’à l’âge adulte.
Répéter régulièrement à un enfant : « regarde ton copain, il fait comme cela et c’est mieux ! » ou « tu dois faire comme lui… » ou encore « à ton âge tu dois être propre, les autres le sont »…. c’est insinuer qu’il ne sait pas faire, qu’il ne peut pas avoir confiance en ses capacités et nous pouvons passer à côté de ce qui est difficile pour lui alors qu’il aurait peut-être juste besoin d’être accompagné.
Je vais jusqu’à utiliser le mot « dévaloriser » ! En comparant notre enfant à un autre c’est la dévalorisation qui entre en jeu, pas très agréable comme sensation si on se met à la place de l’enfant, n’est-ce pas ?
Finalement, comparer un enfant à un autre revient à « essayer de le faire rentrer dans un moule » qui va peut-être nous convenir en tant que parents/adultes et certainement pas à l’enfant et aussi à enclencher un processus de compétition entre les enfants et donc plus tard en tant qu’adulte.
Une des grandes comparaisons aussi très marquantes est celle au sein de la famille entre frères et sœurs avec des réflexions du type : « ton frère lui faisait déjà cela à ton âge » ou encore « regarde comme ta sœur écoute comparé à toi ». Avec le temps, cette comparaison systématique va aussi impacter la relation entre nos enfants. De la jalousie va naître et nous allons nourrir cette compétition dans la fratrie au lieu de créer du lien et de l’entraide.
En quoi comparer notre enfant à un autre peut-il dégrader notre relation ?
La relation parent-enfant est l’une des plus naturelles de la vie. Elle commence avant la conception avec le désir ou non de celui-ci. Elle continue pendant la grossesse et va grandir et se développer de plus en plus au fur et à mesure des mois et des années de nos enfants.
Une des caractéristiques principales de la relation parents-enfants est la confiance réciproque. Plus celle-ci sera renforcée, plus l’enfant grandira et s’épanouira dans un environnement sécurisant. L’enfant dès la naissance va avoir confiance en sa maman qui va répondre à son besoin alimentaire ou de sommeil par exemple. Par contre lorsqu’en tant que maman, je commence à comparer par exemple le nombre de fois ou j’alimente mon bébé par rapport à une autre maman alors je ne fais déjà plus confiance à mon enfant. Et si je ne réponds plus à son besoin lorsqu’il a faim, il n’aura plus confiance en ma capacité de maman de le nourrir…
Comparer notre enfant à un autre va donc impacter la relation parent-enfant.
Finalement, que faire ?
Nous faire confiance et faire confiance à notre enfant ! Simple comme réponse ? 🙂
Pour tous les jeunes parents, ce que je recommande c’est de regarder dans de vrais livres les phases du développement de l’enfant pour avoir des repères. Mais il s’agit bien de repères ! Ce n’est pas parce que votre enfant ne marche pas à ses 13 mois révolus qu’il faut le comparer. On parle bien de phases de développement et donc elles vont varier d’un enfant à l’autre de quelques jours à quelques mois.
Faites confiance en son développement naturel.
Plus important, j’insiste sur le fait qu’il n’est pas nécessaire et pas recommandable de chercher des avis sur les forums et réseaux sociaux, en demandant que pensez-vous de ce que fait mon enfant, ou est-ce que c’est normal ?
Les autres parents ne connaissent pas notre enfant, et ils ne font pas partie de notre vie, et la seule réponse à notre questionnement se trouvera dans notre relation parent-enfant.
On peut tout simplement lui poser la question de ce qu’il ressent, de ce qu’il pense, de ce dont il a besoin par rapport à une situation si nous avons un doute. Par exemple si notre enfant revient avec des résultats très bas en français, nous pouvons le questionner sur ce dont il aurait besoin tout simplement… d’aide, de temps, de compréhension qu’il n’aime pas cette matière… En posant les questions, nous augmenterons la confiance que notre enfant aura en nous. Cet impact positif va également aussi le renforcer dans ses capacités à s’exprimer et à ressentir ce dont il a besoin.
En fait, nous sommes à son écoute, et grâce à cela nous influençons positivement sur sa propre place que l’enfant va prendre dans le monde, dans les relations et tout simplement dans sa vie.
En arrêtant ou en ne comparant pas (plus) notre enfant à un autre, nous lui montrons que nous lui faisons confiance. Nous croyons en lui et en ses capacités et donc nous renforcerons le lien et son estime. Cela lui permettra également des découvrir ce qu’il aime, qui il est également et développer sa propre identité.
Ce qui est bon à rappeler c’est que plus nous arrêtons de comparer notre enfant avec un autre, plus nous influençons l’avenir ses relations futures.
Si notre enfant n’est pas un habitué de la comparaison, adulte il n’aura pas besoin de se comparer avec les autres, ni de comparer les autres personnes.
Le bénéfice ultime que nous pourrons tous découvrir dans les relations en ne se comparant pas aux autres c’est l’amour de soi et l’amour de l’autre tel qui l’est avec ses forces et ses faiblesses, avec ses qualités et ses défauts. C’est être dans la bienveillance envers son enfant et envers soi-même !
Bonjour Victoria
J apprecie votre article meme si je ne partage pas entierement votre point de vue. Ok sur les consequences que peuvent avoir un mauvais emploi de la comparaison mais je me pose la question suivante :
Finalement ne pas faire de comparaison (positive ou negative)n est ce pas lui donner des reperes en moins ?
Des reperes sur qui il est lui meme ?Sur son positionnement dans la société ?
PIERRE
Bonjour Pierre,
Je laisserai à Céline le soin d’éventuellement compléter ma réponse. Personnellement, je ne pense pas qu’il faille se comparer aux autres pour avoir des repères sur soi-même. Au contraire, plus le cadre interne d’un enfant est fort, moins il se soucie du regard des autres, et plus il a une vision juste de qui il est. La dépendance au cadre externe (besoin d’avoir l’approbation permanente des autres) est une conséquence des jugements permanents que l’enfant subit depuis sa naissance. Enfin, la comparaison amène généralement à la compétition ou la dévalorisation de soi. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas ainsi que l’enfant se sentira bien dans ses pompes, et bien avec les autres 😉
Positivement,
Victoria
Bonjour Pierre,
je rejoins tout à fait le commentaire de Victoria et je vais même aller un peu plus loin : si l’enfant n’est pas soumis à la comparaison il va trouver ses propres points de repères, par contre je fais la distinction entre les adultes et les enfants.
Une comparaison « juste » comme je l’appelle peut être bénéfique pour nous en tant qu’adulte dans certains cas et tant que notre estime n’est pas remis en cause et sans avoir peur du regard/jugement de l’autre.
Par contre pour les enfants lors de leur développement, ils n’ont pas besoins de ces comparaisons provenant des adultes. Ils vont le faire déjà naturellement dans leurs relations avec les autres enfants ou adultes.
L’idée c’est de ne pas leur faire porter « notre vision de la comparaison en tant qu’adulte » et d’essayer de mettre des mots lorsqu’ils en parlent et expérimentent cela par eux-même 🙂
Voilà une piste complémentaire.
Chaleureusement
Céline
Je remercie Céline et les autres de partager vos points de vue car je n’avais pas conscience des effets négatifs de comparer son enfant à un autre. En réalité je cherche la différence entre s’inspirer de bonnes idées qui viennent des autres (comme une méthode de travail) et de se comparer aux autres. La frontière est encore floue pour moi. J’aimerai avoir votre point de vue.
Merci par avance.
Je laisse Céline compléter si elle le désire, mais quant à moi je pense que:
– s’inspirer, c’est appliquer pour soi ce que l’on considère comme les forces et réussites des autres, pour notre compte et notre avantage
– se comparer, c’est mettre en compétition mes résultats avec ceux d’autrui
Belle journée,
Victoria
Ma mère a toujours mis ma grande sœur sur un piédestal et elle n’arrêtait pas de me comparer à elle. Du coup, j’ai vécu dans son ombre. Résultat, je n’ai pas confiance en moi.
Merci pour votre article.
Le papa de ma fille compare notre fille toujours à ces cousines.
Ma fille à perdu confiance en elle. Elle se compare mnt à des stars des réseaux sociaux et elle dit tjrs que elle n’est pas belle. Elle se trouve moche. Ça fait mal au coeur d’entendre ça. Comment puis je lui expliqué que ça ne se fait pas de se comparer aux autres?
Et bien… déjà expliquer au papa d’arrêter 😉
Puis, l’encourager, l’encourager, l’encourager… attention à ne pas tomber dans le piège de la féliciter, le but est qu’elle retrouve une clarté sur ce qu’elle vaut et une autonomie émotionnelle.
Merci pour cet article. En ce qui me concerne j’ai été élevée par une mère qui n’arrêtait pas de me comparer avec ma sœur. Elle disait toujours qu’on était le jour et la nuit. C’est douloureux à la longue. J’évite de reproduire cela avec mes deux filles. Par contre, j’ai souvent des remarques de mon entourage (amies, voisines etc) sur mes enfants. Ma fille aînée a marché à 18 mois et la cadette à 16 mois. Ma voisine pour la cadette faisait une fixation là dessus et me demandait tous les jours si elle marchait alors que moi je ne m’inquiétais pas. Ma fille aînée qui a maintenant presque 12 ans mesure « seulement » 152 cm et de nombreuses amies me font des réflexions sur sa taille en la comparant à leurs propres filles qui sont plus grandes. Une fois encore, moi cela ne m’inquiète pas. Je sais qu’elle a encore le temps de grandir et si à l’âge adulte elle ne mesure que 160 cm, ce n’est pas grave! En fait je me rends compte que ce sont les gens autour de moi qui n’arrêtent pas de comparer mes enfants négativement. Et cela me rend triste pour mes enfants avant tout, et pour moi aussi car vivre entourer de négativité pèse sur le moral…