Il y a quelques jours, une étudiante d’une école d’éducateurs me contactait pour me poser quelques questions concernant la pédagogie Montessori. En lisant les questions, je me suis dit que plutôt que de lui répondre en privé, j’allais tout simplement partager les questions et mes réponses avec vous !

Au plaisir d’échanger avec vous,

Victoria

1) Pourquoi faudrait-il, selon vous, choisir la méthode Montessori plutôt que l’enseignement traditionnel ?

Pour commencer, la pédagogie Montessori n’est pas une « méthode ». Une méthode implique un processus dicté par l’adulte, avec des progressions fixes, une seule manière de faire… la pédagogie Montessori ne se limite pas à son matériel, c’est avant tout une autre vision de l’enfant, une connaissance des lois qui gouvernent son développement, une réflexion sur sa posture d’adulte, une remise en question permanente… une philosophie de vie. Je vous invite à découvrir ces articles pour approfondir ce petit réajustement:

• La pédagogie Montessori n’est pas une recette de cuisine
• Aide-moi à faire seul! (et pas apprends-moi…)
• 5 idées reçues sur la pédagogie Montessori

Donc avant de voir l’aspect didactique de la pédagogie, il est bien important de se mettre d’accord sur le sujet dont on parle.

L’avantage de la pédagogie Montessori sur l’enseignement traditionnel est multiple :

• L’enfant est au cœur de son processus d’apprentissage, il est actif et acteur de son développement
• Il apprend et évolue à son rythme, ni trop vite ni trop lentement (lire ici: ça sert à quoi de savoir ça à 5 ans? ainsi que L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit)
• Pour ce faire, il utilise un matériel didactique d’une grande puissance, au lieu de passer directement par l’abstrait (lire ici: Pourquoi le matériel Montessori est si efficace)
• Il se consacre à des activités qui ont du sens pour lui, puisqu’il est libre de choisir ce qu’il va apprendre. C’est un gage de motivation pour l’enfant, qui n’a pas besoin d’être contraint au travail par la menace de la punition ou de la mauvaise note.
• Par voie de conséquence, il apprend pour lui, et pas pour faire plaisir ou par peur (d’une mauvaise note, de redoubler…)
• Il grandit en autonomie, développe des stratégies d’apprentissage très puissantes et acquiert un savoir, un savoir-faire et un savoir-être profond (il n’apprend pas par cœur quelque chose qu’il oubliera aussi vite après le devoir).
• La pédagogie favorise le développement de compétences sociales importantes : entraide, coopération et partage, plutôt que compétition et défiance.
• De par l’absence de programme et de rythme imposé, l’enfant développe ses plein potentiels. Personne n’est là pour lui dire quoi, comment et à quelle vitesse apprendre.

2) Comment est sollicitée la socialisation durant cette méthode ?

La socialisation, l’éternelle question! 🙂

Et bien, cette fameuse socialisation est favorisée de plusieurs manière :

• En respectant le travail individuel de l’enfant et ses libertés de choix, de mouvement…, nous permettons déjà à l’enfant de s’épanouir. Un enfant épanoui est un enfant qui ira plus facilement vers les autres sans avoir besoin d’entrer en conflit systématiquement.
• Cette liberté offerte est en réalité un droit fondamental de chacun : notre rôle en tant qu’adulte est d’être garant du cadre. Nous veillons à ce que chaque enfant puisse exercer son choix, sans enfreindre la liberté des autres enfants. Ceci se fait au travers de règles simples : un enfant qui travaille ne doit pas être dérangé, lorsque l’on a fini d’utiliser un matériel, on le range pour le suivant…
• La sociabilisation est également favorisée par un non interventionnisme de la part de l’adulte : nous n’allons jamais au-delà de ses besoins et nous n’intervenons qu’à la demande de l’enfant. Cela favorise l’autonomie mais participe également à la construction de la dynamique de groupe : l’entraide apparaît.
• Cette entraide se développe d’autant plus qu’il n’y a pas de concurrence : pas de notes, ni aucun moyen de comparaison.
• Le mélange des âges favorise également grandement le développement de ces compétences sociales : aider un plus petit, être un modèle, se responsabiliser…
• Le simple fait en réalité de répondre aux besoins des enfants lui permet d’être suffisamment bien pour s’ouvrir aux autres.

3) Y a-t-il des activités collectives ou uniquement individuelles ?

De base, les activités sont toujours individuelles sauf quelques exceptions (leçon de silence ou grands récits, pour les 6-12 ans).
En réalité, si vous prenez une classe traditionnelle, composée d’une trentaine d’enfants. Combien réellement seront intéressés par la matière que l’enseignant donnera, au moment où il l’a donnera ? Très peu. Chaque enfant est une personne à part entière, et ce qui vous intéressera vous n’intéressera pas forcément un ami, ou votre frère, au même âge.

4) Quels sont les bienfaits de la méthode Montessori sur les enfants ?

Les enfants qui grandissent dans une ambiance Montessori sont des personnes qui développent des compétences telles que l’autonomie, la coopération et l’entraide. Ils gardent leur incroyable et insatiable curiosité, car personne n’est là pour souffler sur leur bougie intérieure en imposant un programme. L’acquisition des compétences se fait de manière plus fluide et surtout plus profonde. Ce sont des enfants responsables (beaucoup deviennent délégués de leur classe de secondaire), très créatifs et qui ont une impressionnante auto-discipline.

5) Est-ce une formation reconnue ?

Par qui ? 😉
La pédagogie Montessori n’est reconnue par aucun ministère, gouvernement, état…
L’Association Montessori Internationale (AMI) fournit des diplômes reconnus dans le monde entier. Les autres centres de formation ont la reconnaissance du bouche à oreille et de la satisfaction de leurs stagiaires.

6) Les enfants ayant suivi cette méthode ont-ils les mêmes aptitudes que les enfants ayant suivi un enseignement traditionnel ?

Je dirais qu’ils en ont d’avantage : sens de la critique, de l’analyse, autonomie affective et fonctionnelle, apprentissages réels et profonds (et pas du par cœur vite oublié), partage, entraide et coopération plutôt que compétition…

7) Est-ce une méthode qui convient à tous les enfants ?

J’en reviens à ma réponse à la première question.
A partir du moment où la pédagogie Montessori n’est pas une méthode, oui, elle convient à tous les enfants. Je vous invite à lire l’article que j’avais écrit à ce sujet, disponible ici.

8) Le matériel a-t-il évolué depuis la création de celui-ci par Maria Montessori ?

Tout dépend dans quel pays vous vous situez. La France, par exemple, est assez conservatrice malgré des initiatives locales très intéressantes. L’Allemagne est beaucoup plus dynamique et moins conservatrice… plus en lien avec la demande de Maria Montessori à la fin de sa vie : « ne vous arrêtez pas à ce que j’ai fait, continuez ! »

9) Quels sont les inconvénients de cette méthode ?

A mes yeux, il n’y en a pas… sauf peut-être que cela fait des enfants bien moins faciles à manipuler, beaucoup plus critiques, plus instruits, créatifs, autonomes et libre penseurs, qui remettent d’avantage en question l’autorité injustement appliquée. 😉

10) Est-ce que tous les domaines du programme imposé par l’état sont travaillés avec cette méthode ?

Oui, et bien plus !
Je pense, et j’espère, que vous l’aurez compris, la pédagogie Montessori va bien au-delà des « programmes » scolaires. En réalité, l’apprentissage est inné et l’acquisition d’une compétence le simple résultat d’un ensemble de facteurs à analyser et faire cohabiter. A partir du moment où le terreau est fertile, qu’il y a assez d’ensoleillement et d’humidité, la plante pousse. Mais elle pousse en fonction de ses tendances naturelles, de son bagage génétique et de ses potentiels, pas en fonction et pour faire plaisir au jardinier. 😉