La semaine dernière, j’écrivais un article qui s’intitule « ça sert à quoi de savoir ça à 5 ans ? ». Mon objectif était de véhiculer le message qu’il est important de respecter le rythme de l’enfant et de ne pas le freiner dans ses apprentissages sous prétexte que la matière n’est pas au programme ou que nous considérons que c’est « trop compliqué » pour lui. Notre société est, en réalité, assez ambivalente sur sa façon de voir et de considérer les enfants : à la fois des êtres qui ne sont pas encore capables de saisir certains concepts et à qui il ne faut donc pas trop demander (les opérations avec des grands nombres ou la lecture avant 6 ans ont été les deux sujets qui ont provoqué le plus de réactions !), mais qu’il faut tout de même pousser pour qu’ils obtiennent les meilleurs résultats.

Je souhaite aujourd’hui compléter mon message avec un article qui va dire l’inverse tout en disant, en réalité, la même chose.

Avec la « mode » Montessori, je vois fleurir des discours parfois effrayants sur les réseaux sociaux. La pédagogie Montessori est devenue, pour certains, consciemment ou inconsciemment un prétexte à la performance, la compétition, l’élitisme… à la course du toujours mieux, toujours plus loin, toujours plus fort. Certains groupes Facebook ou blogs sont même devenus des exemples vivants de cette cours à la performance, au détriment du rythme de l’enfant. On y trouve tout ce qu’un enfant d’un âge donné est « censé » savoir faire, grâce au magnifique matériel de Maria Montessori. Ce discours culpabilisant est surtout complètement décalé de l’essence de la pédagogie (et parfois même de la réalité !). S’il n’est pas question de freiner un enfant, il n’est pas question non plus de le pousser !

« L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir », écrivait Maria Montessori.

Cette magnifique phrase nous ramène aux 4 essentiels de la pédagogie : CONNAITRE, OBSERVER, PROPOSER, ADAPTER.

  • Connaître l’enfant. Son fonctionnement (périodes sensibles, esprit absorbant, apprentissage par les sens), ses besoins (liberté, autonomie, mouvement…), son développement (besoins particuliers selon les phases, neurosciences…)
  • Observer l’enfant. Pour savoir où il en est, ce qui l’intéresse, ce qu’il a acquis, là et comment se pose son attention et sa concentration.
  • Proposer des activités, et les disposer dans l’environnement de sorte à ce qu’il puisse s’en servir quand il le souhaite, et autant de fois qu’il le souhaite. Sans chercher à les lui présenter à tout prix, sans avoir d’attente, sans faire culpabiliser.
  • Adapter sa proposition à l’enfant. Ce n’est jamais à lui de s’adapter à la pédagogie, c’est à la pédagogie à s’adapter à l’enfant !

Un matériel ne l’intéresse pas ? Il a des difficultés particulières ? Recommençons le cycle en 4 points.

Les enfants ne se développent pas de manière linéaire, mais par phases. Elles sont propres à chacun, dépendent de facteurs internes sur lesquels nous n’avons pas de prise.

En fait, la pédagogie Montessori nous invite à lâcher le contrôle. Et c’est probablement ça le plus difficile.