Pour amorcer nos articles sur le sommeil des enfants, voici une première question que tout parent s’est posée un jour:
« Quand va-t-il enfin dormir ? »
Votre enfant recule l’échéance pour aller se coucher, tous les prétextes sont bons pour se relever : « j’ai soif », « je veux faire pipi » (même si ça fait la troisième fois qu’il va aux toilettes), « j’ai peur du noir », « il y a un monstre sous mon lit », « Maman un câlin », « Papa, un bisou », … Pourquoi est-ce compliqué pour certains de nos enfants de s’endormir quand nous, adultes, rêvons que d’une seule chose : notre lit, une bonne nuit de sommeil et « de faire le tour du cadran » !
Plusieurs choses peuvent se jouer pour nos enfants lors de ce moment du coucher. Aux alentours de 8 mois le bébé appréhende qu’il est une personne à part entière et non le prolongement de ses parents. Notion qui réveille en lui l’angoisse de séparation : « Oui alors si j’existe indépendamment de ma maman, moi tout seul, alors ma maman peut disparaître ». Cette angoisse de séparation se couple avec la notion de permanence de l’objet : l’enfant au travers de petits jeux comme le célèbre cacher-coucou intériorise que l’objet caché, disparu, revient toujours. Je vous le donne en mille, le sommeil est synonyme, dans cette phase de développement de l’enfant, de séparation, de perte « Quand je dors, je ne vois plus Maman ou Papa, alors ils disparaissent, je ne les reverrais pas en me réveillant. Je refuse donc de m’endormir, c’est bien trop angoissant » ! Nous sommes d’accord que tout cela se joue inconsciemment, pour autant voilà une explication à ces difficultés d’endormissement auxquelles bon nombre d’entre nous sommes confrontés.
Plus tard, quand les enfants grandissent et font preuve d’ingéniosité pour ne pas aller se coucher d’autres facteurs peuvent intervenir. Comme notamment le besoin de partager avec vous un temps de qualité pour recharger le réservoir affectif dans lequel ils ont puisé pour passer la plus agréable journée qu’il soit tout en état loin de vous. Par temps de qualité je n’entends pas une heure de jeu ! Cela peut être un quart d’heure ! Bref en tout état de cause, un temps où vous êtes entièrement à votre enfant : rien ne peut interrompre ce temps, ni préparation de repas, ni coup de téléphone, ni rangement, ni messages sur Messenger, ni mails à répondre urgemment, RIEN ! En effet, nos enfants sont séparés de nous durant nos journées de travail. Journées durant lesquelles ils vivent un emploi du temps sur-stimulant (toutes structures petite enfance bienveillantes qu’elles soient). Au moment des retrouvailles se succèdent dans un rythme endiablé : le retour à la maison, parfois un petit détour par les courses, le bain, la préparation du repas, le dîner, puis le coucher VITE, VITE, VITE… Les enfants manifestent alors tout simplement un besoin de partage avec nous ! Alors prenons 10 à 15 minutes pour nous poser avec lui et partager ensemble un moment de qualité autour d’une occupation qui le passionne. Cela peut consister en la préparation du repas : les jeunes enfants adorent aider ! Appuyons-nous sur cette compétence naturelle.
Une fois la batterie affective rechargée, une autre notion soutient l’endormissement de nos tout-petits : le rituel. En effet, la temporalité chez l’enfant va se construire grâce à un enchaînement quotidiens d’actes récurrents. Cela lui permettra d’identifier et d’intérioriser le moment du coucher.
Ce rituel d’endormissement peut débuter par le bain, pour se poursuivre avec une petite séance de massage avant d’enfiler le pyjama et se clôturer par une ou deux histoires racontées au chaud blottis l’un contre l’autre sous la couverture, avant la tendre séance de « bisous câlins dodo ». Certains enfants auront besoin d’une lecture de maman, puis d’une lecture de papa. D’autres auront besoin d’une séance défouloir (ou plus justement décharge émotionnelle) avant un temps calme qui les mènera tout doucement dans les bras de Morphée. A ce moment-là, si vous observez ce besoin chez votre enfant, proposez-lui une séance chamaillerie, chatouilles, batailles de coussins, etc avant un retour au calme qui peut se décliner en histoires ou aussi en résumé de la journée « Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans ta journée aujourd’hui ? ». Il est aussi possible de prendre un temps pour souhaiter bonne nuit à tous les habitants de la maison, les jouets, etc. En réalité, le rituel d’endormissement est propre à chaque famille et s’appuie sur les observations de votre enfant : c’est lui qui vous dira ce dont il a besoin pour s’endormir alors fiez-vous à lui !
Bonjour Victoria,
Je lis avec attention toutes les newsletter que je reçois et je m’en inspire beaucoup avec mon fils de 2 ans 1/2. Merci !
Le sommeil est un vrai sujet chez nous… que ce soit la sieste ou le soir.
J’ai 2 questions par rapport à votre article :
– comment laisser décharger ? chez nous cela se traduit par donner des coups et jeter des affaires, chaises ou couverts par terre…et on a du mal à ne pas s’énerver, essayer de l’envoyer se calmer (effet nul) etc..
– il s’endort entre 21h30 et 22h (coucher vers 20h45 puis histoires au lit pendant 15-20min), puis il se relève, veut un verre d’eau, veut aller aux toilettes…. La conséquence (je pense ?) est que parfois c’est très très dur le matin de le lever (si ce n’est pas un réveil naturel, c’est la crise et les préparatifs se font dans une ambiance déplorable car, se levant avec du retard on doit le speeder à toutes les étapes et forcément il se braque et c’est pire que tout…).
Où est-ce qu’on doit s’améliorer ??
Merci d’avance pour vos conseils.
Bonjour Allyson,
Merci de votre retour, je suis ravie de savoir que cela peut vous aider dans votre vie familiale 🙂
Alors concernant vos questions:
1) Le laisser décharger en le mettant en sécurité, ainsi que vous même. Donc enlever tout ce qui pourrait être un projectile, ou mieux, le prendre avec vous et aller ensemble un peu plus loin, dans un endroit sans danger. Son comportement est tout à fait normal, il a deux ans et demi et ne sait pas décharger de manière non « destructive ». Le temps de la décharge, patienter et rester à côté de lui. Evitez de l’envoyer dans un endroit tout seul. Il a besoin de vous et de votre contact pour que son cerveau fasse baisser le niveau de stress (en produisant l’hormone du bien-être, mais pour cela, il a besoin de vider son sac et de trouver la juste distance avec vous).
2) Pour le soir, est-ce que vous organisez des séances de défoulement? Bataille de polochon avec papa? Jeux moteurs? Est-ce qu’il a passé suffisamment de temps de qualité avec vous? Sans téléphone, télé, discussion autre? Juste vous et lui, et son papa et lui? Est-ce qu’il y a un rituel immuable?
Certains enfants poussent leur rituel jusqu’à la rupture, c’est à dire qu’ils ont besoin (pour se décharger complètement) de rencontrer la limite du parent. Donc, par exemple, vous coucher avec lui, éteindre progressivement les lumières (le laisser faire est encore mieux) au fur et à mesure du rituel (par exemple, on met le pyjama et on éteint la grande lumière. On lit une histoire et on éteint la lampe d’appoint. Il ne reste que la veilleuse, et alors on reste dans son lit). En restant dans le lit avec lui, il va peut-être être frustré, même s’il est épuisé. Lui expliquer doucement et avec beaucoup de douceur que nous allons rester là, dans le lit. Accompagner son éventuelle crise émotionnelle. Si elle se produit, vous aurez compris qu’il a besoin de ce point de rupture pour s’endormir. Attention, cela ne veut pas dire le punir dans son lit!!!